Voici ma tribune sur la GPA suite à l’émission sur France 2 du 9 février 2022.
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GPA : « France 2 se rend complice
d’une incitation à une pratique
illégale »
Au lendemain d’une soirée « spéciale GPA » sur
France 2, le président des Poissons roses, une
association de catholiques de gauche, dénonce la
promotion d’une vision technicienne qui tend à faire
de l’homme le maître de la vie et de la mort.
le 10/02/2022 à 16:39
« Comment comprendre que cette soirée puisse être programmée sans provoquer un tollé dans l’opinion
publique, ni une intervention du CSA ? » New Africa – stock/adobe.com
France 2 a consacré mercredi soir une soirée qui se voulait, sans le dire,
une promotion de la gestation pour autrui (GPA). Trois émissions
successives, un film, un débat, un reportage. Un ensemble cohérent et, il
faut le reconnaître, plutôt bien ficelé avec des éclairages divers, sans
caricatures. Il faut saluer la parlementaire qui a su rappeler le cadre
éthique français tout en soulignant combien chaque situation particulière
suscite l’empathie. Comment toutefois expliquer que le service public se
rende complice d’une incitation à une pratique illégale dans notre pays et
qui, au-delà des images apaisantes diffusées mercredi soir, s’apparente le
plus souvent au retour de l’esclavagisme ? Comment comprendre que
cette soirée puisse être programmée sans provoquer un tollé dans
l’opinion publique, ni une intervention du CSA ?
→ ANALYSE. Des plateaux de télé aux livres, comment la GPA se banalise
dans l’opinion
Au printemps dernier, j’écrivais : « Le débat sur l’euthanasie nous rappelle
une évidence. Si ce n’est dans cette mandature, la GPA et l’euthanasie
seront votées dans la suivante. Pourquoi ?Il faut se replacer dans une
perspective historique pour comprendre ce mouvement inéluctable. Nous
vivons dans les plis de la pensée née au XVIIe siècle quand Galilée a
proclamé “la nature est écrite en langage mathématique” (…). Les
Européens se sont lancés dans une course inédite au progrès technique.
Les résultats ont été stupéfiants : espérance de vie, maîtrise sur la
matière, domination militaire et administrative. Il restait un domaine à
investir, l’humain lui-même. »
Une civilisation technicienne
L’extension de la PMA aux femmes seules, bientôt l’utérus artificiel, la
location d’utérus (dite GPA), l’euthanasie, ne sont que les dernières
manifestations de cette civilisation technicienne. Les impasses
écologiques, individualistes, financières auxquelles nous nous heurtons
signifient la fin de la parenthèse historique que la modernité occidentale
aura représentée. Une parenthèse construite depuis quatre siècles (ce qui
n’est pas une mince réussite) sur la prééminence acquise par l’individu,
maître de son destin. Notre inconscient collectif est structuré par cette
vision de l’individu. Il est inéluctable que des majorités se dégagent pour
finaliser la dernière strate manquante : la maîtrise sur la vie et sur la mort.
Comme l’écrivent trois jeunes auteurs dans un livre récent La Communion
qui vient (1), « l’anthropologie dualiste et individualiste est au fondement
des projets de l’extension de la procréation technique, de la GPA, de la
prostitution et de l’euthanasie ».
Le libéralisme charmeur de notre élite
Notre société prend l’eau de toutes parts. Les combats féministes des
années 1970 sont récupérés par le libéralisme charmeur de notre élite. À
l’époque, les femmes luttaient pour se libérer de l’asservissement à la
reproduction et ne plus être à la disposition sexuelle des hommes.
Comment, aujourd’hui, peut-on, à l’heure de #MeToo, revendiquer la
location des utérus au bénéfice de couples en général occidentaux,
blancs et aisés ? Comment la gauche « sociale et écolo » peut-elle sans
barguigner défendre une GPA éthique qui est une aliénation des pauvres
femmes du Sud et une hérésie écologique ? Rien, à peine, de cette réalité
tragique n’a transpiré dans la soirée, dans une ambiance de cordialité
sereine et d’amitié indéfectible.
Dans l’article précité, j’évoquais deux événements susceptibles de
remettre en cause cette tendance de fond qui ne chatouille plus nos
sensibilités pourtant si rapides à s’élever contre toute violation des droits
de la femme et de l’homme. Le premier aurait été une accélération brutale
de la crise sanitaire qui aurait conduit à remettre les compteurs à zéro. Le
second concernait le « combat spirituel » à mener pour travailler la
conscience humaine et rétablir l’homme et la femme au sein de la
Création, permettant de mettre fin à cette volonté de maîtrise de la vie et
de la mort. C’est bien à ce combat-là qu’il convient désormais plus que
jamais de se consacrer.
(1) La Communion qui vient. Carnets politiques d’une jeunesse
catholiques, de Paul Colrat, Foucauld Giuliani, Anne Waeles, Seuil, 2021
(p.183-184)
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