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Déclaration de Bertrand du Marais, président des Poissons Roses, à l’AG/ CA des Poissons du 2 mars 2024

Au préalable, je tiens à remercier nos membres de l’honneur et de la confiance qu’ils
et elles me font en m’élisant président. Je tiens surtout à saluer l’action de mes deux
immédiats prédécesseurs, Patrice Obert et Patrice Dunoyer de Segonzac, pour leur
action déterminante et inlassable afin d’accroître notre notoriété, de nouer des
contacts avec d’autres mouvements proches et de consolider notre action.
Je vous propose quelques pistes de constats et d’actions, en essayant d’identifier
avec vous nos acquis et atouts, nos nouvelles frontières, nos pistes de
développements sans masquer quelques-unes de nos limites.

1. Acquis et atouts des Poissons Roses (PRs)
   Nous jouissons d’une notoriété forte dans le monde des catholiques – nous
   commençons à être invités dans les réunions de la Conférence des Evêques de
   France- dans ses médias. Cette notoriété est certes bien moindre, mais existante,
   dans le reste de la société.
   Nous bénéficions de liens anciens avec les autres associations chrétiennes
   progressistes et centristes ; de nos relations avec quelques personnalités politiques
   comme l’a montré la réunion organisée par Yves Sauvage à Rennes à laquelle
   participaient deux Sénateurs, l’évêque et la conseillère départementale.
2. Nos « nouvelles frontières »
   La période qui s’ouvre pose une question à laquelle nous devons rapidement
   répondre : « qu’est-ce qu’un Poissons Rose dans l’après-Macronisme ? » Et
   comment faire si l’extrême-droite s’installe au plus haut niveau des institutions ?
   La période actuelle montre que le débat public, l’opinion publique, est en recherche
   de valeurs et de personnalités qui expriment des convictions. Dans une certaine
   mesure, la dimension prophétique est nécessaire et recherchée, parfois non sans
   dangers et risques.
   Dans ce contexte, ce qui a pu paraître comme un oxymore dans notre
   positionnement -s’affirmer chrétien tout en étant à gauche et réciproquement –
   devient un atout, même au-delà de la gauche. Nous sommes porteurs de messages
   universels qui devraient répondre à cette demande de sens de la société.
   Dans la lignée de nos Rapports, les PRs proposent une réflexion politique initiée par
   leur Foi mais sans dépendre du dogme catholique.
   A cet égard, les PRs doivent, dans toute leurs actions mais aussi dans leurs relations
   entre eux, être des « Faiseurs de paix ». Ce qui suppose de travailler pour
   comprendre les différentes opinions en présence.

Dans ce but, il nous faut renforcer notre armement spirituel -les Evangiles – et
philosophique (la philosophie personnaliste de Mounier). A cet égard, on ne dira
jamais assez l’extraordinaire modernité et efficacité du Personnalisme pour penser
une société au-delà de l’actuel individualisme matérialiste.

3. Quelques pistes de développement
   Je les identifierai sous la forme de plusieurs verbes, pour montrer que nous sommes
   dans une dynamique.
   a) Élargir
   Nous devons élargir notre audience et notre base de sympathisants. Pour cela, je
   vois deux priorités :

• Développer les actions dans les territoires (on disait autrefois en « Province ») est
  important pour diffuser nos travaux et faire de nouveaux adhérents, nouer des
  contacts avec la presse régionale. Il faut veiller à ce que nos sympathisants, qui sont
  encore nombreux (plus de 1.000 abonnés à notre lettre, plus de 2800 followers sur X ( ex twitter)) deviennent à la fois actifs et adhérents.
• Aller vers les jeunes : il est primordial que les jeunes chrétiens ne soient pas
  seulement confrontés à des mouvement conservateurs et identitaires. Pour nouer
  contact, les PRs doivent alors être dans une logique de service à l’égard des jeunes,
  en identifiant nos apports possibles, notre valeur ajoutée dans leur propre
  édification. Il faudra donc établir des relations à travers les établissements
  d’enseignement, les Instituts catholiques, les aumôneries universitaires, etc.
  b) Apparaître
  Les PRs doivent apparaître plus souvent et mieux dans les médias. Pour cela, il faut
  relancer :
• Nos relations avec les médias chrétiens : RCF, KTO, Radio Notre-Dame, La Vie, La Croix, etc ;
• Être plus actifs dans les réseaux sociaux,
• Multiplier les Tribunes sur l’actualité, comme on l’a par exemple fait lors de la
  réforme des retraites.
  La Liste de diffusion des Flashs est un bel outil. Pour animer davantage une
  discussion, on pourrait recréer la liste qui s’appelait « La Marmite » , allant au-delà
  de la liste de diffusion du seul CA.
  c) Critiquer
  Sur le fond, il ne faut pas hésiter à être critique vis-à-vis du pouvoir et des institutions
  en place, d’autant plus que s’ouvre une période électorale avec de grands
  changements.

Il faut donc se démarquer du Macronisme en appliquant nos valeurs socio-
démocrates aux problématiques actuelles.

Il faut également se démarquer des mouvements Catholiques conservateurs.
d) Produire
Notre démarche de groupes de travail conduisant à des publications doit continuer à
s’appliquer à ce que j’appellerai « les crises silencieuses de notre République ».

De multiples sujets restent à explorer : l’enseignement supérieur et / ou la
recherche ; la société numérique ; le recrutement et le contrôle des élites ;
l’indépendance et la qualité de la Presse et des médias ; le soin et la santé ; la
disqualification sociale ; le sentiment d’injustice et d’être des laissés pour compte
que ressentent de nombreux concitoyens ; les modalités pour délibérer de façon
démocratique et constructive dans une société de plus en plus polarisée ; etc.
e) Investir
Toutes ces actions nécessitent de concentrer nos moyens, notamment dans notre
site Web et dans nos comptes sur les Réseaux sociaux

4. En conclusion, il faut compter aussi avec nos limites et pour cela
   « avancer en pack »
   Nous souffrons de limites collectives, notamment d’une image marquée à droite
   véhiculée par la caricature de nos positions dans les débats sur les réformes
   sociétales. Les récents groupes de travail, notamment sur les migrations, devraient
   rappeler notre ancrage à gauche.
   Je dois enfin avouer des limites personnelles que je compte surmonter grâce votre
   soutien. Je sais compter sur l’énergie et sur l’expérience de mes prédécesseurs pour
   m’orienter et me guider dans le monde politique, que je connais mal.
   Encore (très) actif professionnellement, je dois vous prévenir de mon manque de
   disponibilités mais je vous promets de le compenser par mes contacts, mon
   investissement et mon énergie à « refaire le monde », animé par le sentiment
   d’urgence qui prévaut dans notre période de montée des périls.
   Encore un immense merci pour votre confiance,
   Bertrand du Marais
   2 mars 2024