Interview d’Arnaud du Crest dans le cadre du rapport La crise écologique, une chance pour la démocratie

Participants : Roland Baillet, Patrice Dunoyer de Segonzac, Patrice Obert

 AD est un militant écologiste, élève de René Dumont, engagé dans l’agriculture et auprès des chômeurs. Il s’est engagé dans l’écologie depuis 10 ans dans le groupe de Nantes « Ecologie, paroles de chrétiens ». Il anime aussi Eglise verte en Loire atlantique.

 Eléments de bilan :

1° Les humains consomment 1,5 fois la planète (3,5 planète pour les Européens). Cette donnée ne mobilise pas les gens puisqu’ils constatent que, malgré ce dépassement de la biocapacité, ça fonctionne toujours.

 2° Les 9 Rosaces de la planète dessine un étau

TERRE :  même si notre empreinte était limitée à 1, quel sort pour les espèces sauvages ?  soit la disparition, soit l’intégration au monde humain.

 MER :  L’acidification des océans due au rejet de sulfate de nitrate et du CO2 a un impact sur la chaine alimentaire, notamment en empêchant les coquillages de former leur coquille.

AIR Il y a bien sûr les GES mais aussi les particules fines et les oxydes nitreux

On va donc vers un effondrement / (Le covid 19 est le fruit d’une part de l’interpénétration Humain/espèces sauvage et d’autre part de la mondialisation.)

Les étapes de l’effondrement

Echéance 2030 : risque d’effondrement de la bio-diversité.

50 à 70% de la surface de la Terre est sous domination humaine. Les animaux ont besoin d’espaces libres. Il y a un risque majeur d’homogénéisation également des productions, ce qui accroît les risques de maladie.

Echéance 2040 : risque d’épuisement des ressources naturelles : plomb, Cuivre, Argent, or…

Echéance 2050 : changement climatique

Une urgence : ne plus prendre de surfaces, ne plus perdre de forêt.

AD nous parle de deux droites qui se coupent (schéma de HOLMGREN , cf article Le Temps et l’Espace de la démocratie écologique)

Conséquence de l’effondrement : le repli sur des petites communautés car les Etats n’auront plus les moyens d’agir, avec le risque du « chacun pour soi ».

Les Etats ne peuvent pas changer car :

  • Le capitalisme se nourrit de la « transition écologique »
  • Ils sont trop impliqués dans le système actuel : ex l’agriculture « mécanisée et agro-chimique » les Etats renforcent la lutte contre tous plutôt que d’amorcer un réel  virage et un changement de modèle
  • L’horizon de la démocratie est le court terme. A ce titre, AD milite comme Bruno Latour pour la création d’une Chambre de l’avenir, réunissant le Sénat et le CESE (proposition reprise par N Hulot dans son interview du Monde du 7 mai) mais considère qu’elle est insuffisante à elle seule et sans avenir si l’on reste dans le même contexte spatio-temporel (Etats de grande taille, accélération continue du temps).

Or l’effondrement de la bio-diversité implique un ralentissement du processus d’extraction, de production et de consommation

Quelle démarche adopter dans ces conditions ?

Cf les articles qu’AD nous avait fait passer.

  1. Démarrer par le TEMPS ( cf Pape François : le temps est supérieur à l’Espace). RALENTIR la marche de la production, baisser la productivité, consommer moins…
  2. Se recentrer sur l’ESPACE : vers des communautés localisées
  3. Les petits territoires devront prendre en charge le Long Terme (de même que l’échelon européen)
  4. Coordonner les petits territoires dans des fédérations

Quelques réflexions

 Ralentir peut augmenter l’emploi car on produira moins /personne. En agriculture, la FNSEA est actuellement coincée dans ses investissements et le refus de ce qu’elle considère comme revenir en arrière. Elle croit au progrès technique, dans le sillage de la JAC. Les nouvelles générations pourront réagir différemment, et réagissent déjà aujourd’hui à l’occasion des transferts d’exploitation des parents qui partent à la retraite.

 Réduire les transports internationaux, soit par des barrières aux frontières (peu probable ni souhaitable), soit par une consommation et une production plus localisées de façon volontaire, et complémentairement  en reconvertissant une partie de l’activité vers le recyclage – écologie circulaire/ diminution des déchets, des rejets)

Transformer la TVA en Taxe carbone (Il faudrait qu’elle passe de 30€ la Tonne à 1509 ou 200€/T)

Sortir du cycle «  Argent— Marchandise— Argent, l’argent devenant la source et l’objectif de toute production.

Recréer une capacité de gouvernance locale. Cf les Länder allemand. , favoriser les initiative locale, cf Territoires Zéro Chômeurs (avis mitigé sur ce sujet de sa part)

Le travail n’a plus de sens. Il faut en libérer les gens. Que les gens choisissent leur activité. Aller vers un revenu minimum pour que chacun puisse choisir librement son travail, et travailler plus car la baisse de la productivité va entrainer un besoin supérieur de travail.

La priorité c’est de renforcer la résilience des communautés humaines et des territoires (avec les non humains). Pour cela, renforcer les liens entre les hommes (accueil des plus pauvres et des étrangers en particulier, vie de proximité), décentraliser les décisions au niveau des territoires sur la base des pays (loi Voynet), fédérés au niveau des régions, des pays, de l’Europe et du monde.  C’est le principe de subsidiarité appliqué aux territoires.

Spécificité des chrétiens :

 Par le passé il y a eu pollution de la pensée de la Bible par la philosophie grecque. Mais il est vrai que l’évolution de la civilisation occidentale s’est faite avec l’aval de l’église.

Aujourd’hui, l’église est porteuse d’une Parole d’espérance.

  • L’espoir, c’est croire au Possible
  • L’espérance, c’est croire à l’impossible, qui seul peut transformer le monde

AD cite le jésuite Maxime de HEVENENSI, XVè me siècle : « Agis comme si tout dépendait de toi, et comme si tout résultat ne dépendait que de Dieu »

Leave a Comment